Mes chers amis bonjour, j'ai grand plaisir à vous retrouver après quelques jours occupés à préparer le début des répétitions de mon prochain spectacle.
Je sentais ma "libération" prochaine c'est-à-dire la sortie de cette entreprise qui m'avaient pris beaucoup d'années, trop d'années de ma vie. J'avais à disposition le journal d'entreprise dont je vous ai parlé et le théâtre était toujours en moi, exactement comme la source du Jean de Florette de Marcel Pagnol. Il suffisait, il a suffi d'enlever les pierres, le bouchon qui le maintenait pour qu'il jaillisse à nouveau, pour que l'enthousiasme de mes 25/30 ans soit là, présent, intact. C'est ce qui se passa. Je lançais un article pour créer un atelier-théâtre au sein de l'entreprise, un peu dubitatif; et les réponses furent au dela de mes espérances. Cela faisait bien longtemps que je n'étais monté sur scène, que je n'avais pas eu de contact avec le public et j'étais un peu anxieux. Après avoir sélectionné tous les candidats , nous avons décidé de monter un spectacle composé de pièces en 1 acte de S. guitry, de G. Courteline entourré de poèmes et tout cela a donné un joli spectacle intitulé: HUMOUR ET POESIE. Spectacle que nous avons repris par la suite en le modifiant un peu. Le succès obtenu m'a encouragé à continuer.
Peu de temps après, je quittais l'entreprise et pour avoir plus possibilités de partenariat, nous avons transformé la petite troupe en association. Je venais d'aménager à Rueil et c'est ainsi que, dans le cadre de la municipalité, nacquirent LES BALADINS. Bien entendu, beaucoup de problèmes allaient surgir car mon professionnalisme et mon perfectionnisme commençaient à me jouer des tours.
Mais , laissons la suite pour le prochain article.
Je vous dis à très bientôt. Merci de me lire et de me répondre. RICHARD.
Mes amis bonjour, j'avais l'espace de quelques temps repris mon souffle avant de vous retrouver car j'étais arrivé à une période charnière de ma vie.
En effet, comme le chante si bien AZNAVOUR dans une chanson où tous les artistes peuvent se reconnaître, ce métier magnifique que nous exerçons du mieux que possible paralysés de tract et en même temps sublimés par la scène, le personnage que l'on joue fait que en dehors de lui, nous n'existons pas. Pour une raison majeure qui concerne surtout les comédiens mais aussi dans des contextes différents tous les artistes, c'est surtout que nous existons à travers les personnages que l'on incarne et par conséquent, un comédien qui ne joue pas perd son identité, même si celle-ci est le reflet de toutes celles qu'il représente.
Pour arriver à s'épanouir dans la vie, il faut essayer de se sentir bien dans sa peau.
Peu d'êtres le sont, mais j'ai rarement vu un comédien bien dans sa peau.
Arrivé à ce point de ma carrière, j'en étais venu à faire mille petits boulots pour vivre car il faut bien subsister et puis petit à petit, on perd pied non pas avec le public ça va de pair, mais avec les gens du "métier" susceptibles de vous faire travailler. Au début des années 70, on pouvait encore trouver des petits "jobs", seulement voilà l'un enchaine l'autre et le théâtre devient un peu plus lointain chaque jour.
Je ne veux pas vous parler ici de ma vie privée, bien qu'elle soit comme tout le monde indissociable de la vie professionnelle, à fortiori du théâtre, mais j'essaie d'évoluer uniquement dans mon métier, car je n'ai jamais cesser d'être comédien même si par moments dans la parenthèse longue, trop longue qui va s'ouvrir, j'ai souffert, terriblement souffert, moralement s'entend.
Plus de 20 ans à me répéter dans ma tête:"tu es comédien! tu es comédien!".
J'ai dû me battre comme un diable durant les années 80 pour préserver un emploi sans aucun intérêt, qui me faisait à peine vivre.
Comme le théâtre me semblait loin dans ces moments-là! Et pourtant, je le sentais brûler en moi, je le sentais m'habiter. Je n'ai jamais fait heureusement de plan de carrière; on m'en proposait dans des univers qui étaient à cent lieues de moi. J'ai tout tenté, tout fait pour m'en sortir, même le syndicalisme qui me permettait de lutter à armes égales contre l'omnipotence des patrons.
J'ai dû cumuler tous les mandats électifs possibles. Avec ses aides, après un trou noir, je sentais que petit à petit je remontais la pente. Etant de formation littéraire, dans le contexte d'une commission du Comité d'Entreptise, j'avais pris la direction d'un journal interne à l'entreprise mais tiré tout de même à 2000 exemplaires. Bien entendu, sans toucher à certaines rubriques propres à l'entreprise, j'ai développé tout ce qui pouvait apporter des touches personnelles. J'ai pu m'exprimer dans une rubrique intitulée "plumes en liberté" et bien entendu la rubrique sur les arts et le théâtre se sont vu gonflées.Je me suis bientôt servi de cet outil précieux pour mon compte personnel.
Le bout de ce long tunnel était proche. C'est ce que je vous conterai dans mon prochain article dans lequel nous commencerons à apercevoir l'embryon des BALADINS.
Merci d'être avec moi par la lecture de ces articles. Merci également si vous en avez le temps de me laisser un petit commentaire.
A bientôt.
RICHARD.
Mes amis, à la lecture de mon dernier article, vous avez pu vous rendre compte de mes limites techniques. En effet, le début de l'article, je n'ai pu maitriser fond d'écran et texte. Ne m'en veuillez pas... Je vais tout de même terminer de vous parler de ma saison belge.
Ce fut comme je vous le disais des moments exaltants mais j'ai tout de même fini la saison assez fatigué et angoissé également car je n'avais rien derrière. Il fallait tout recommencer ou plutôt continuer car ce métier est ainsi fait.
Je vous donne rendez-vous pour la suite de ma carrière et après un grand saut, nous arriverons bientôt à la création de la compagnie LES BALADINS.
A bientôt.
Bien à vous.
RICHARD.
Mes chers amis bonjour, me voici revenu de vacances et avant de commencer les répétitions de mon nouveau spectacle, nous allons si vous le voulez bien refaire une petite incursion dans les années 60 car tout aboutissement a une genèse.
L'année 1965 est pour moi une année noire, douloureusement marquée par un deuil personnel. Passons vite sur ces moments difficiles qui ponctuent hélas! la carrière d'un comédien.
L'année 1966 allait m'apporter une très grande joie avec un contrat que j'avais sollicité bien des années auparavant. En effet, Charles JOOSEN, directeur du THEATRE ROYAL DU GYMNASE à LIEGE en BELGIQUE venait régulièrement faire passer des auditions à Paris pour recruter des comédiens; j'avais passé plusieurs fois cette audition mais j'étais passé à côté du contrat. Soit je n'étais pas libre, soit le courrier ne m'avait pas atteint...Dans ce métier, il faut être libre au bon moment et faire le bon choix. Pensez donc! Des centaines et des centaines de comédiens sont quotidiennement aux aguets. 85% de chomage dans ce métier!
pour toute la saison, nous avons cherché un appartement et nous sommes installés du mieux que l'on a pu. Quand je dis installés, c'est une façon de parler, car je vais vous décrire le travail que l'on faisait dans cette compagnie.
Moments exaltants mais combien difficiles!
Quel comédien perfectionniste et passionné pourrait résister à un rythme pareil?
Songez donc! Nous montions une pièce par semaine car la vie théâtrale à Liège était telle qu'il y avait un système d'abonnement exigé par le public et aussi par l'organisation de la programmation que l'on devait se soumettre à ce travail.
Vous dire le nombre de pièces que j'ai jouées dans ce théâtre serait chose vaine car en plus des représentations à Liège, nous devions faire de nombreux déplacements en wallonie, région magnifique avec un public formidable mais un travail très fatiguant. Nous rentrions à 3h. du matin à Liège et le lendemain répétions à partir de 11h.
Cela dit je garde de cette saison un souvenir exalté d'anecdotes, de tumulte, de succès splendide aussi. Le répertoire que nous jouions était du théâtre assez contemporain de qualité comme la bonne soupe de F. Marceau ou j'y suis, j'yreste grand succès du boulevard mais aussi du classique tel que Dom Juan de Moliere ou Le Menteur de Corneille.
Les pièces étaient correctement montées mais parfois le manque de répétitions a donné lieu à des incidents qui auraient pu tourner au drame comme lors de la première d'une pièce qui représentait une mutinerie sur un cargo et lors d'une rixe avec son supérieur un des acteurs s'est sectionné l'artère cérébrale. Vous imaginez la situation, on a dû baisser le rideau et terminer la pièce dans des conditions difficiles. Heureusement, après une intervention à l'hôpital, cet acteur a pu jouer le lendemain. Par bonheur, nous avons eu d'autres incidents plus heureux.
Mes amis bonjour, me voici dans ma 2ème saison à l'Odéon, au sein de la Compagnie RENAUD-BARRAULT. Après HAMLET, LE SOULIER DE SATIN, COMME IL VOUS PLAIRA et quelques autres pièces, nous commençons la nouvelle saison avec LA CERISAIE, très belle pièce de TCHEKOFF.
Quelque créations aussi voient le jour telles que LE PIETON DE L'AIR de IONESCO ou IL FAUT PASSER PAR LES NUAGES... de François BILLETDOUX. Très belles pièces et qui mettaient en évidence tout le génie créatif de J.L.BARRAULT. Hélas! Ces pièces, si belles soient-elles n'ont pas eu de grandes carrières plus tard. Allez savoir pourquoi? Le public est le seul juge. Seulement, à l'Odéon, elles marchaient très modestement. Aussi, lorsque les caisses se vidaient un peu, BARRAULT remettait à l'affiche un spectacle dont il était sûr que ça allait marcher et attirer du monde. Par exemple, une opérette telle que LA VIE PARISIENNE d'OFFENBACH qui avait été éprouvée dans d'autres rhéâtres et surtout jouée et chantée par la troupe de la Compagnie. Suzy DELAIR a rejoint la troupe pour chanter METELLA qui demandait des vocales dequalités purement chanteuse, mais autrement J.DESAILLY, , J.P.GRANVAL, J.PAREDES et tous S.VALERE les autres étaient magnifiques. Ah! Quand LA VIE PARISIENNE était à l'affiche, nous avions tous l'impression que le champagne coulait sur scène. Quelle merveilleque de jouer et chanter OFFENBACH. Ce trac terrible et merveilleux qui nous prenait tous avant d'entrer en scène. P.BERTIN, inénarrable baron, Dario MORENO formidable brésilien avant qu'il ne meure et que soit BARRAULT lui-même qui le reprenne. IL avait donné un mouvement à sa mise en scène qui mettait le public en joie car quand on sort d'une opérette ou opéra bouffe d'OFFENBACH, on a envie de chanter et de danser. Beaucoup d'autres pièces furent montées et crées tout au long de ces 3 saisons que je passais dans la compagnie. Je citerais au hasard ANDROMAQUE de J.RACINE avec D.IVERNEL, DIVINES PAROLES de VALLE INCLAN, auteur espagnol du XIXème siècle, avec Catherine SAUVAGE, LE MARIAGE DE FIGARO avec D.PATUREL où nous étions tous habillé par Yves SAINT-LAURENT,et tant d'autres dont mon souvenir qui est un poète et non un historien comme dirait P.GERALDY, est plein de bruissements de coulisses, de changements rapides, d'applaudissements.
C'était pour moi une époque un peu bénie, faite d'insouciance et d'amour du théâtre sans penser trop au lendemain. Hélas! La brutalité de la vie devait sans ménagement me ramener sur terre. Mais restons-en là pour aujourd'hui dans cet Odéon splendide avec ce public jeune et enthousiaste d'avant 68, ce public décidé à mêler vie et théâtre dans un même élan sans arrière-pensée, ce public se reconnaissant encore des maîtres. Pour parler théâtre, nous nous avancions sans le savoir vers la fin d'une époque, vers la fin d'un monde qui allait renier et balayer tout cela d'un revers de main.
Nous n'en sommes pas encore là et je vous retrouverai dans mon prochain article avec plaisir pour évoquer la suite de ma carrière et de ma vie.
A bientôt, mes amis.
Bien à vous.
RICHARD.
1. la toulousaine le 04-08-2008 à 18:36:22
bravo pour tout ce travail...
on ressent vraiment toute la passion que tu as pour le théatre.
tu peux partir en vacances tranquille.
bises
Commentaires