Mes chers amis bonjour, me voici revenu de vacances et avant de commencer les répétitions de mon nouveau spectacle, nous allons si vous le voulez bien refaire une petite incursion dans les années 60 car tout aboutissement a une genèse.
L'année 1965 est pour moi une année noire, douloureusement marquée par un deuil personnel. Passons vite sur ces moments difficiles qui ponctuent hélas! la carrière d'un comédien.
L'année 1966 allait m'apporter une très grande joie avec un contrat que j'avais sollicité bien des années auparavant. En effet, Charles JOOSEN, directeur du THEATRE ROYAL DU GYMNASE à LIEGE en BELGIQUE venait régulièrement faire passer des auditions à Paris pour recruter des comédiens; j'avais passé plusieurs fois cette audition mais j'étais passé à côté du contrat. Soit je n'étais pas libre, soit le courrier ne m'avait pas atteint...Dans ce métier, il faut être libre au bon moment et faire le bon choix. Pensez donc! Des centaines et des centaines de comédiens sont quotidiennement aux aguets. 85% de chomage dans ce métier!
pour toute la saison, nous avons cherché un appartement et nous sommes installés du mieux que l'on a pu. Quand je dis installés, c'est une façon de parler, car je vais vous décrire le travail que l'on faisait dans cette compagnie.
Moments exaltants mais combien difficiles!
Quel comédien perfectionniste et passionné pourrait résister à un rythme pareil?
Songez donc! Nous montions une pièce par semaine car la vie théâtrale à Liège était telle qu'il y avait un système d'abonnement exigé par le public et aussi par l'organisation de la programmation que l'on devait se soumettre à ce travail.
Vous dire le nombre de pièces que j'ai jouées dans ce théâtre serait chose vaine car en plus des représentations à Liège, nous devions faire de nombreux déplacements en wallonie, région magnifique avec un public formidable mais un travail très fatiguant. Nous rentrions à 3h. du matin à Liège et le lendemain répétions à partir de 11h.
Cela dit je garde de cette saison un souvenir exalté d'anecdotes, de tumulte, de succès splendide aussi. Le répertoire que nous jouions était du théâtre assez contemporain de qualité comme la bonne soupe de F. Marceau ou j'y suis, j'yreste grand succès du boulevard mais aussi du classique tel que Dom Juan de Moliere ou Le Menteur de Corneille.
Les pièces étaient correctement montées mais parfois le manque de répétitions a donné lieu à des incidents qui auraient pu tourner au drame comme lors de la première d'une pièce qui représentait une mutinerie sur un cargo et lors d'une rixe avec son supérieur un des acteurs s'est sectionné l'artère cérébrale. Vous imaginez la situation, on a dû baisser le rideau et terminer la pièce dans des conditions difficiles. Heureusement, après une intervention à l'hôpital, cet acteur a pu jouer le lendemain. Par bonheur, nous avons eu d'autres incidents plus heureux.