Mes amis bonjour, me voici dans ma 2ème saison à l'Odéon, au sein de la Compagnie RENAUD-BARRAULT. Après HAMLET, LE SOULIER DE SATIN, COMME IL VOUS PLAIRA et quelques autres pièces, nous commençons la nouvelle saison avec LA CERISAIE, très belle pièce de TCHEKOFF.
Quelque créations aussi voient le jour telles que LE PIETON DE L'AIR de IONESCO ou IL FAUT PASSER PAR LES NUAGES... de François BILLETDOUX. Très belles pièces et qui mettaient en évidence tout le génie créatif de J.L.BARRAULT. Hélas! Ces pièces, si belles soient-elles n'ont pas eu de grandes carrières plus tard. Allez savoir pourquoi? Le public est le seul juge. Seulement, à l'Odéon, elles marchaient très modestement. Aussi, lorsque les caisses se vidaient un peu, BARRAULT remettait à l'affiche un spectacle dont il était sûr que ça allait marcher et attirer du monde. Par exemple, une opérette telle que LA VIE PARISIENNE d'OFFENBACH qui avait été éprouvée dans d'autres rhéâtres et surtout jouée et chantée par la troupe de la Compagnie. Suzy DELAIR a rejoint la troupe pour chanter METELLA qui demandait des vocales dequalités purement chanteuse, mais autrement J.DESAILLY, , J.P.GRANVAL, J.PAREDES et tous S.VALERE les autres étaient magnifiques. Ah! Quand LA VIE PARISIENNE était à l'affiche, nous avions tous l'impression que le champagne coulait sur scène. Quelle merveilleque de jouer et chanter OFFENBACH. Ce trac terrible et merveilleux qui nous prenait tous avant d'entrer en scène. P.BERTIN, inénarrable baron, Dario MORENO formidable brésilien avant qu'il ne meure et que soit BARRAULT lui-même qui le reprenne. IL avait donné un mouvement à sa mise en scène qui mettait le public en joie car quand on sort d'une opérette ou opéra bouffe d'OFFENBACH, on a envie de chanter et de danser. Beaucoup d'autres pièces furent montées et crées tout au long de ces 3 saisons que je passais dans la compagnie. Je citerais au hasard ANDROMAQUE de J.RACINE avec D.IVERNEL, DIVINES PAROLES de VALLE INCLAN, auteur espagnol du XIXème siècle, avec Catherine SAUVAGE, LE MARIAGE DE FIGARO avec D.PATUREL où nous étions tous habillé par Yves SAINT-LAURENT,et tant d'autres dont mon souvenir qui est un poète et non un historien comme dirait P.GERALDY, est plein de bruissements de coulisses, de changements rapides, d'applaudissements.
C'était pour moi une époque un peu bénie, faite d'insouciance et d'amour du théâtre sans penser trop au lendemain. Hélas! La brutalité de la vie devait sans ménagement me ramener sur terre. Mais restons-en là pour aujourd'hui dans cet Odéon splendide avec ce public jeune et enthousiaste d'avant 68, ce public décidé à mêler vie et théâtre dans un même élan sans arrière-pensée, ce public se reconnaissant encore des maîtres. Pour parler théâtre, nous nous avancions sans le savoir vers la fin d'une époque, vers la fin d'un monde qui allait renier et balayer tout cela d'un revers de main.
Nous n'en sommes pas encore là et je vous retrouverai dans mon prochain article avec plaisir pour évoquer la suite de ma carrière et de ma vie.
A bientôt, mes amis.
Bien à vous.
RICHARD.
Commentaires
bravo pour tout ce travail...
on ressent vraiment toute la passion que tu as pour le théatre.
tu peux partir en vacances tranquille.
bises