Mes amis bonjour, une fois mon contrat terminé à la comédie de provence, je ne revenais pas tout de suite à Paris. Je rentrais chez moi. Nous habitions à présent Montpellier et dans cette belle ville universitaire, je fus amené à rencontrer une troupe de théâtre qui s'appellait L'ARLEQUINADE mais qui très vite a pris le nom de COMEDIENS DU MIDI. La troupe était composé de comédiens professionnels et amateurs de très grande qualité et se produisait à Montpellier et dans tout le Languedoc.
J'ai été assez vite intégré dans la compagnie et les rôles que l'on me proposa m'enthousiasmèrent immédiatement. Le programme de la compagnie avait de quoi séduire. Elle était dirigée par André NADER, comédien professionnel et metteur en scène de grand talent avec lequel j'ai beaucoup appris en ce qui concerne la mise en scène. L'un des souvenirs le plus marquant reste le festival de MILLAU 1961 dans l'aveyron.
Le programme était composé d'une création: Un jeune homme en habit d'Armand LANOUX rebaptisé LE MIME RICHARD NE MIMERA PLUS. Un rôle que je n'ai joué qu'une fois mais quelle représentation!... Du genre de celles qui vous laissent un souvenir à vie. Un jeune artiste, subjugué par une femme qu'il a aimé quelques années auparavant mais plus agée que lui, la retrouve mais dans sa jeunesse faisant ressurgir l'amour perdu. Le voici donc qui tombe éperduement amoureux de la jeunesse de sa maitresse. Le tout monté en plein air et dans une mise en scène de rêve, par une nuit magique telle que l'on n'en trouve que dans le midi.
Grand souvenir de théâtre!...
L'autre pièce et l'autre rôle qui a marqué ma jeune carrière et qui continue de me poursuivre encore , à tel point que je voudrais la remonter maintenant mais faute de moyens... C'est L'ARLESIENNE.
L'Arlésienne est une pièce qui s'adapte très bien à une salle par la profondeur des sentiments et le texte admirable d'Alphonse DAUDET, mais qui passe aussi très bien en plein air par la dimension que peut donner le cadre dans lequel vous jouez ainsi que la musique de BIZET.
J'avais 23 ans, romantique, amoureux,et ce rôle qu'avant de présenter à Paris au théâtre des arts rue de rochechouart, j'ai pu jouer dans une vingtaine d'arènes et de lieux magiques de plein air du Languedoc, a marqué indubitablement ma jeune carrière de comédien.
Sensations inimaginables des représentations données en plein air notamment au festival de MILLAU où j'arrivais (ou plutôt Frédéri) au galop sur une charrette tirée par 2 chevaux et je bondissais sur scène pour atterrir dans les bras de ma mère Rose-Mamaï. Le vent, la nature se mêlait à la situation. A ce moment-là, vous vivez vraiment le personnage.
D'un autre côté en salle, quand on l'a repris à Paris, les sentiments passaient différemment et la musique, les choeurs étaient plus présents. Car l'Arlésienne est une pièce qui peut revenir cher mais l'oeuvre est tellement belle et le texte est tout ce qu'il y a de plus pur dans la langue française que rien qu'à l'écouter, le plaisir est total.
Voilà. Je reviendrai certainement sur l'Arlésienne. Je vous laisse pour aujourd'hui avec Frédéri, Vivette, Rose-Mamaï, Balthazar...et tous ces personnages magnifiques et éternels.
Bien à vous.
RICHARD.