J'étais à Béziers dans l'hérault et je suivais avec exaltation et enthousiasme des cours d'art dramatique dans un petit conservatoire de province. Je découvrais des textes, des auteurs classiques que j'avais survolé au lycée. Je commençais ma formation classique - Molière, Corneille, Racine - et romantique - Musset, Hugo - et puis aussi contemporains mais surtout avec un texte car pour moi le théâtre est avant tout le texte et la situation.
J'arrivais à la fin de cette première année et au concours amical de fin d'année qui avait lieu au Théâtre Municipal, je cumulais tous les prix avec les félicitations dithyrambiques de mon cher professeur. Je m'aprêtais à faire une seconde année et puis selon lui "entrer" au conservatoire, seulement, je me posais des questions et j'avais bien raison.
Je n'étais jamais allé à Paris, Paris nom magique à l'époque car du midi l'on "montait" à Paris et les transports n'étaient pas ce qu'ils sont devenus aujourd'hui. Une nuit de train dans des conditions parfois difficiles. On arrivait gare d'Austerlitz ou de Lyon, un peu vaseux et ne sachant pas très bien que faire.
C'est ce que je fis. Un matin d'octobre, je débarquais sur le quai de la gare d'Austerlitz avec mon père qui avait tenu à guider mes premiers pas dans la capitale. J'allais me présenter au concours d'entrée au Centre du spectacle situé rue blanche. J'avais préparé une belle scène avec une de mes partenaires à Béziers, et j'étais très fier de découvrir enfin l'univers du vrai théâtre.
Le centre des arts du spectacle était à l'époque la seule école après le conservatoire subventionné par l'état et les cours étaient gratuits. Elle était dirigée par Jean MEYER, sociétaire de la Comédie Française.
Bien évidemment, j'échouais lamentablement et ce fut ma première désillusion.
Avec mon père, nous nous sommes rendus compte qu'il me fallait passer par un cours privé. A l'époque le plus connu et le plus réputé était le cours Simon.
Je revins à Béziers et 3 mois plus tard, je partais à Paris, seul cette fois pour me lancer dans la grande aventure ne sachant pas très bien où elle me mènerait, mais plein de foi, d'illusions, sans trop de souci du lendemain; j'avais 18 ans 1/2.
Mon article s'arrête ici et je vous retrouverais dans le prochain, un peu perdu dans la capitale mais avec un seul but: le théâtre.
Bien à vous.
RICHARD.